Swiss Ultracycling Challenge 2023
La SUCH, une course qui occupe une place spéciale dans mon cœur, car c'est là que tout a commencé en 2021 lorsque j'ai entrepris ma première aventure d'ultra cyclisme. En m'inscrivant avec Gaetan Massonnet, nous nous sommes lancés en 2021 dans une aventure totalement nouvelle et inconnue. Un mélange d'auto-découverte, d'aventure et de camaraderie. Contrairement aux courses traditionnelles avec des parcours prédéfinis, le SUCH invite ses participants à créer leur propre parcours à travers les paysages de la Suisse.
Les règles de cette course sont d'une originalité rafraîchissante : choisissez n'importe quelle gare en Suisse et, précisément à 10h10 le jour de départ, activez nos balises GPS. À partir de ce moment-là, les participants sont seuls et livrés à eux-mêmes. Aucune assistance externe, pas de retour aux conforts de la maison ou du canapé d'un ami. Il faut savoir surmonter les défis mécaniques et prendre soin de soi-même tout au long du parcours.
Mais voici la particularité : l'itinéraire doit couvrir les 26 cantons de Suisse, avec cinq points de contrôle obligatoires stratégiquement placés à travers le pays. Pas de franchissement de frontières, pas de raccourcis. Ce n'était pas seulement une course ; c'était un casse-tête à résoudre, une grande tournée à travers le cœur de la Suisse. Chaque année, les points de contrôle changent, présentant un défi et un challenge nouveaux.
Imaginez l'excitation de prendre des décisions cruciales, sans jamais être sûr d'avoir choisi la route optimale jusqu'à ce que la course commence et que les points de départ des autres concurrents soient révélés. La particularité du SUCH réside dans son concept ingénieux. C'est un vrai test de compétences, d'endurance et d'adaptabilité, tout en explorant les paysages à couper le souffle de la Suisse.
Quand Gaetan m'a d'abord fait part de l'idée en 2021, j'ai été immédiatement intéressé et curieux. L'attrait du challenge que cela représentait était trop fort pour y résister. Je ne savais pas encore que cela deviendrait une expérience qui prendrait finalement une place si importante dans ma vie.
Nous terminons la SUCH21 après 63 heures de course en 3ème place au classement par équipe. Marqué par cette première expérience, je décide de participer à nouveau en 2022, mais cette fois seul.
Je pense que l'on découvre vraiment cette discipline si particulière qu'une fois que l'on a fait sa première course seul, en autonomie totale. Il y a quelque chose de particulier à passer 2 jours entièrement seul, livré à soi-même et à ses pensées. C'est en quelque sorte une profonde introspection de soi-même, une purge en quelque sorte. Un concentré d'émotions dans un laps de temps extrêmement court. De la joie à la tristesse, et du bonheur au désespoir. C'est une expérience qui apprend à s'accepter, et qui permet à chaque fois d'en découvrir un peu plus sur soi-même. Pour moi, il s'agit vraiment d'une sorte d'expérience thérapeutique qui m'apporte un équilibre quotidien me permettant de me recentrer et de relativiser le reste de ma vie. Tout cela, je l'ai réellement découvert à la SUCH en 2022.
Ce fut l'année de la confirmation. J'avais alors la conviction d'avoir trouvé un nouveau sport pour remplacer le vide laissé par l'arrêt du hockey, un nouveau sport dans lequel je pourrais devenir compétitif. Après l'édition 2022, c'était décidé, j'allais me mettre sérieusement à la pratique de l'ultra-cyclisme.
Cela nous amène donc à la saison 2023. Pour moi, l'objectif était clair : gagner la SUCH23. Pour me donner une chance, j'ai décidé de consacrer la vaste majorité de mon été à m'entraîner et participer à diverses courses pour me préparer au mieux. Travailler au Freeride World Tour est à la fois un avantage et un inconvénient pour moi. Il est pratiquement impossible de sérieusement m'entraîner entre janvier et mars en raison des voyages, je me retrouve donc contraint de commencer à zéro en avril. Mais d'un autre côté, je bénéficie d'une grande flexibilité entre avril et septembre. Pour pallier à cet emploi du temps particulier, j'ai planifié un calendrier bien compact.
Ma préparation a donc été composée de 4 courses :
Race across Paris
🗺️ 500km et 4700m D+ 🗓️ 21 Avril 2023 🥉 3ème en 20h25’
Pedalma Madrid to Barcelona
🗺️ 685km et 7000m D+ 🗓️ 2 Juin 2023 🍫 4ème en 26h40’
Race across France
🗺️ 2500km et 40’000m D+ 🗓️ 22 Juin 2023 📊 10ème en 6j20h42’ (finalement relégué à la 12ème place)
Race across Switzerland (duo)
🗺️ 530km et 9000m D+ 🗓️ 14 Juillet 2023 🥈 2ème duo en 24h32’
En rétrospective, c’était probablement un peu trop, notamment la Race across Switzerland qui m’a laissé dans un mauvais état pendant plusieurs semaines. J’aurais préféré faire une autre course début août, mais cela n’était pas possible en raison du travail. Mais mis à part la Race across Switzerland, je suis dans l’ensemble plutôt satisfait de mes choix. Je suis surtout content des différents résultats, notamment de la 10ème place à la Race across France, une course qui rassemble des compétiteurs de haut niveau.
La SUCH23
Bref, tout cela nous amène au 6 septembre 2023, jour de départ de la SUCH23. Cette année, les 5 checkpoints de la course symbolisent nos pays voisins, ajoutant une couche supplémentaire de saveur internationale à la course. La Suisse, connue pour ses particularités, nous surprend avec deux enclaves appartenant à l'Allemagne et à l'Italie, qui servent toutes deux de points de contrôle. Les trois autres points de contrôle, des ponts originaux, marquent les frontières avec nos trois autres pays voisins, la France, le Liechtenstein et l'Autriche. Pour compliquer les choses, cette année nous avons eu le droit de supprimer 2 des 26 cantons de notre itinéraire. L'argument étant que les deux enclaves pouvaient remplacer 2 cantons de notre choix.
Je me suis rendu compte à quel point la préparation pour une course varie selon l'objectif. Surtout quand l'objectif est de gagner. On ne prend pas les mêmes décisions si on veut gagner que si l'on veut faire un top 10. Lorsque le but est la victoire, on ne peut pas s'accorder grand-chose, il faut essayer de tout optimiser. Cela va du matériel, aux différents arrêts ravito et autres. Il faut tout faire au plus vite. Un jeu d'optimisation auquel je me suis réellement prêté pour la première fois. Il y a 4 aspects majeurs à la préparation d'une course comme la SUCH : l'itinéraire, la stratégie de sommeil, le matériel et la nourriture.
L'itinéraire
Préparer mon itinéraire a été un véritable casse-tête qui m'a occupé pendant plusieurs mois. Le point de départ semblait très clair. Il ne faisait aucun doute que la vaste majorité des participants partirait du Tessin à Melide, juste à côté de l'enclave italienne qui faisait office de checkpoint. Après de longues périodes d'hésitation suivies d'innombrables petits ajustements et optimisations, je suis enfin arrivé à un itinéraire dont j'étais satisfait. J'étais même convaincu que mon itinéraire était le bon et qu'il devrait pouvoir me donner une chance d'être compétitif. Au total, ce sont 970 km et 9000 m de dénivelé positif qui me séparent de Berne. Les deux cantons que je décide de ne pas traverser sont le Jura et le Valais.
La stratégie de sommeil
Pour cette course, le calcul a été assez simple. Je dirais même que, dans mon cas, ma stratégie de sommeil m'a été en quelque sorte imposée par mon objectif. Pour gagner, pas de sommeil ou de repos possible. D'après moi, pour avoir une chance de gagner, il allait en tout cas falloir être capable de terminer la course en moins de 40h. Et au vu de la vitesse que je pensais être capable de maintenir, cela n'allait pas me laisser beaucoup de temps pour m'arrêter. Dans mes calculs initiaux, j'avais estimé qu'il me faudrait 36h pour compléter mon parcours. Ajoutez à cela 1h30 de temps d'arrêt et encore 1h30 pour les imprévus, et cela amène le temps de course total anticipé à plus ou moins 39h. Pour ne s'arrêter que 1h30 en presque 40h, il n'est pas possible de s'accorder grand-chose... le calcul est assez vite fait, 3 fois 10 minutes pour les arrêts Coop Pronto, 10 fois 2 minutes pour remplir ses gourdes, et cela fait déjà 50 minutes. Ajoutez à cela tous les feux rouges, les pauses pipi, les temps d'arrêt aux checkpoints et on arrive déjà rapidement à 1h30. Un calcul optimiste, mais pas irréaliste.
Le matériel
Un autre élément clé de la préparation est le matériel. Que prendre? Voilà un autre casse-tête. Cependant, c'est je pense ici que mon expérience des courses précédentes m'a le plus aidé. J'ai décidé de partir extrêmement léger. Je savais que, sans problèmes majeurs, la course allait me prendre plus ou moins 40h. Confiant que je serais capable de faire 40h sans dormir, je décide de ne prendre aucun matériel pour dormir. Je n'ai pris qu'une couverture de survie en cas d'urgence. Ne rien prendre pour les nuits allège déjà énormément le vélo.
De plus, les prévisions météo étaient bonnes, la température ne devrait pas descendre en dessous de 10 degrés, un scénario idéal. Je décide donc de ne prendre qu'une petite veste pour la nuit.
Pour ce qui est des outils, j'ai pris avec moi de quoi réparer 2 crevaisons et une chaîne cassée. J'ai également pris une batterie externe de 10000 mAh afin de recharger les lampes, mon téléphone et mon GPS.
J'ai ajouté 2 gourdes derrière ma selle afin de me permettre de minimiser les arrêts nécessaires pour l'eau. Super idée pour les courses "courtes" que j'ai copiée du vainqueur de la course Pedalma Madrid to Barcelona.
Voilà, c'est tout ce que j'ai pris avec moi. Le résultat est un setup super léger, je ne suis encore jamais parti avec aussi peu.
La nourriture
N’ayant pris que très peu de matériel, cela m’a laissé beaucoup de place pour la nourriture. Ce qui est bien pour moi car je mange particulièrement beaucoup, d’autant plus lors d’un ultra. Il m’est donc possible de transporter plus ou moins l’équivalent de 12 heures de nourriture dans ces conditions.
Je repère 3 Coop Pronto auxquels je prévois de m’arrêter afin de me ravitailler. Si je parviens à respecter le rythme prévu, je devrais faire un premier arrêt à Lucerne le premier soir, le deuxième à Bâle le lendemain matin, et le troisième et dernier dans les environs de Morges avant la dernière ligne droite jusqu’à Berne. C'est un pari un peu risqué car cela implique de respecter un horaire strict, mais j’étais assez confiant d’en être capable. De toute manière, si je n’arrive pas à le respecter, je ne gagnerai pas la course.
Voilà, il me semble que c’est tout pour la préparation. C’est en me sentant prêt et confiant que je me rends à mon point de départ, le 6 septembre à Melide.
La course
Après avoir passé la nuit à Lugano, je me rends à la gare pour prendre le train pour Melide. Je me rends vite compte que je ne suis effectivement pas le seul à avoir décidé de partir d'ici. En effet, en arrivant à la gare, je constate que nous sommes au moins soixante-dix à avoir pris la même décision. Ce n'est jamais agréable d'être nombreux au départ d'un ultra, car l'adrénaline qui en résulte a généralement pour effet de pousser tout le monde à rouler trop vite au début. Parmi les coureurs présents, il y a notamment Dominik Bokstaller, le vainqueur de l'édition 2022 et le grand favori de cette édition 2023. Nous échangeons quelques mots, puis je vais boire un café avec Norman, un bon ami, et son père qui participent tous deux à la course. C'est l'occasion de profiter d'un dernier moment de calme et de repos avant de se lancer dans la longue lutte acharnée qui m'attend.
Il est 10h05 quand nous quittons le café pour nous rendre devant la gare en vue du départ officiel à 10h10. À la SUCH, pour prouver l'heure et l'endroit de départ, il est obligatoire de prendre une photo avec l'horloge et le panneau de la gare.
10h10, l'heure du départ. La photo prise, je me précipite sur mon vélo pour prendre un bon départ.
Le premier checkpoint, l'enclave Campione d'Italia, est à seulement 3 km du départ. Il faut absolument que j'y arrive parmi les premiers car à chaque checkpoint, il faut poinçonner son "carnet de route". Et il n'y a évidemment qu'un seul poinçon par checkpoint. Vous vous doutez bien qu'attendre que 70 personnes aient poinçonné leur carnet signifie perdre un temps précieux. Évidemment, tout le monde le sait, c'est donc la course pour être parmi les premiers à collecter le précieux poinçon. Heureusement, j'arrive en deuxième, ce qui me permet de reprendre rapidement la route. En repartant, je vois les restes des coureurs s'amasser autour du poinçon et je me dis que j'ai vraiment bien fait de me dépêcher.
Un groupe d'une quinzaine de coureurs se forme rapidement en tête et nous traversons Lugano à toute vitesse. Le rythme est assez effrayant, le piège classique d'un départ groupé. Évidemment, je joue le jeu et nous prenons tous la route en direction de Bellinzone. C'est à Bellinzone que les premières grandes différences d'itinéraires sont révélées. En partant du Tessin, il y avait principalement 2 options d'itinéraire :
- Passer par le Gotthard pour rejoindre le lac des 4 cantons, c'est le choix que moi-même et la majeure partie des coureurs ont fait.
- Passer par le Grand Saint Bernard pour redescendre directement sur Choire, ce choix a été moins populaire mais certains des favoris ont tout de même opté pour celui-ci.
C'est donc peu avant Bellinzone que le groupe, encore composé d'une dizaine de cyclistes, se fracture.
Pour ceux qui ont opté pour le Gotthard, il y a aussi un choix majeur à faire. Le Tessin partage une frontière avec les Grisons au nord-est de Bellinzone. Cela implique un détour d'environ 10 km. L'autre option pour passer par les Grisons est également un détour d'environ 10 km, mais cette fois-ci plus tard dans la course, au niveau de Sargans après le Walensee. Les deux options sont plus ou moins équivalentes en termes de temps, on parle ici d'une vingtaine de minutes. Il s'agit plutôt d'une question de stratégie : faire un détour en début de course ou le faire plus tard ? La plupart ont opté pour le détour près de Bellinzone, c'est notamment le cas de Dominik.
Pour ma part, je décide d'aller directement au Gotthard et de passer par les Grisons plus tard dans la nuit. La première partie du parcours étant montagneuse, celle-ci n'est vraiment pas à mon avantage. Psychologiquement, je préfère rester proche de la tête de course, surtout que je sais pertinemment que si je me retrouve au pied du Gotthard avec un groupe, je vais me faire distancer par tout le monde dans la montée. Je décide donc de prendre de l'avance au début pour pouvoir monter à mon rythme. Je roule vite, trop vite pour moi. Mais bon, je me dis que ce n'est pas grave, une fois le Gotthard passé, le reste du parcours est assez plat, ce qui devrait être à mon avantage. Je suis le deuxième au pied du Gotthard, le participant qui se trouve devant moi roule à une vitesse assez hallucinante, mais il optera plus tard pour un itinéraire non optimal et finira par abandonner la course. Je décide de ne pas prendre la magnifique route de la Tremola et d'opter pour la nouvelle route. Il y a plus de trafic et c'est moins beau, mais ça va plus vite. Dans la montée, je me fais rattraper par Joël Karolin. Joël est aussi un poids lourd, il participe à la SUCH pour la première fois. On discute et on roule dix minutes ensemble avant que je me rende compte que je ne vais pas réussir à le suivre, je suis obligé de le laisser filer. C'est un peu dur de se faire larguer en montée par un autre grand gabarit, ça montre qu'il est nettement plus fort que moi. Le coup dur suivant ne se fait pas attendre, en regardant le live tracking je réalise que Dominik est bientôt au sommet de la Tremola et qu'il arrivera en haut avant moi. Ceci en ayant fait 10 km de plus et en ayant pris la vieille route. À ce moment, je m'inquiète un peu car je ressens déjà un peu de fatigue après avoir roulé beaucoup plus vite que je n'aurais dû. Et malgré tout ça, Dominik a déjà 10 km d'avance, soit plus ou moins 25 minutes, il est clairement plus fort. Je me dis qu'heureusement le Gotthard est le seul vrai col de la course. J'arrive au sommet après un peu plus de 5 heures de course, Joel et Karolin ne sont pas très loin devant quand j'entame la longue descente de 40 km en direction d'Altdorf et du Lac des 4 cantons. La particularité de cet itinéraire est qu'il implique un affreux segment à pied qui est malheureusement inévitable. Afin de pouvoir faire le tour du Lac des cantons, il faut passer par la marche du Seelisberg au départ de Bauen, il s'agit de 3 km d'escaliers et environ 400 m de dénivelé positif. C'est d'ailleurs notamment en raison de cette marche que certains ont décidé de passer par le Saint Bernard, leur itinéraire leur ajoute 30 km mais leur épargne les 3 km d'escaliers avec le vélo sur le dos... Pas forcément un mauvais calcul...
J'arrive à Bauen, toujours derrière Joël et Dominik. Derrière nous, il semble que l'écart se creuse petit à petit. J'ai à ce stade, en tout cas, 20 minutes d'avance sur le concurrent suivant. Pour survivre à la montée de Seelisberg, j'ai pris avec moi une arme secrète : une paire de claquettes. Ayant déjà fait cette marche en 2021, je sais pertinemment qu'il serait un enfer de le faire en chaussures de vélo, j'ai donc choisi d'apporter une paire de claquettes que je jetterai une fois que j'aurai terminé la marche. Bien que cela m'ait valu quelques remarques et railleries d'autres participants, je ne regrette en rien ce choix car cela me permet d'être à l'aise dans la montée. Mais 3 km d'escaliers avec un vélo sur le dos, ça reste long et surtout fatigant. Un gros changement de rythme et d'effort par rapport au vélo. J'en viens même à me demander s'il n'aurait pas été préférable de passer par le Saint Bernard, mais bon, trop tard. À ma grande surprise, je rattrape Dominik à mi-chemin. Merci les claquettes. Nous terminons la montée ensemble tout en discutant. Nous arrivons finalement au sommet après plus ou moins 40 minutes de marche, et en arrivant en haut, nous voyons Joël qui remplit ses gourdes. Nous voilà les 3 réunis après 170 km de course, ça promet. En nous voyant arriver, Joël repart assez vite. Je remplis mes gourdes, remets mes chaussures de vélo et je jette mes héroïques claquettes avant de repartir avec Dominik.
Il reste un peu de montée, du coup Dominik me distance assez vite. Les 50 km suivants jusqu’à Lucerne sont assez drôles, nous ne cessons de nous croiser, c’est assez ironique et on commence à en rigoler. Mais c’est aussi là que je me rends compte que mon itinéraire optimal n’est en réalité pas vraiment optimal.
Il est 18 heures, nous sommes en pleine zone urbaine, et il y a beaucoup de trafic. Je suis devant Dominik qui est à une cinquantaine de mètres derrière moi. Je décide d’accélérer un moment. Je me retourne 5 minutes plus tard et constate qu’il n’est plus derrière moi. Je me réjouis et me dis que, n’arrivant pas à suivre, il est peut-être en train de craquer. J’ai bien sûr tort. 10 minutes plus tard, à ma plus grande confusion, je rattrape Dominik, je ne comprends rien.
C’est à ce moment que je me rends compte que Dominik avait encore un tout autre niveau que moi en termes de planification d’itinéraire. Normalement, il est préférable de prendre les grandes routes plutôt que les petits chemins et pistes cyclables car cela va simplement plus vite. Mais ce n’est pas le cas pendant les heures de pointe quand il y a beaucoup de trafic. Et ça, Dominik l’a évidemment prévu. En empruntant des petits chemins à l’approche de certaines zones urbaines, il a pu éviter le trafic et gagner du temps. Donc j’ai roulé comme un débile pendant 15 minutes, et tout ça pour finalement perdre du temps. Je ne vous dis pas la frustration. Non seulement je me suis rendu compte que Dominik est plus fort, mais qu’en plus il a préparé un meilleur itinéraire que moi.
Bref, les 40 kilomètres suivants jusqu’à Lucerne sont relativement peu mouvementés. Dominik a un peu d’avance et Joël est juste derrière moi. En traversant Lucerne, je croise un groupe d’amis d’enfance du hockey, un moment sympa.
À la sortie de Lucerne, après 220 km et à peu près 9h de course, je fais mon premier arrêt Coop Pronto. Je m’arrête un peu moins de 10 minutes, le temps de faire le plein de provisions pour la nuit à venir. Au menu : 2 sandwiches, 2 bananes, de la viande séchée, des fruits secs, une montagne de bonbons, quelques pâtisseries et une glace ! De quoi solidement nourrir mon diabète. Pour les courses futures, il serait quand même bien que je pense à mieux réfléchir à ce que je mange…
Pour l’instant, mon temps est en ligne avec mes prévisions, à ce niveau-là tout va bien. Mais je suis nettement plus fatigué que prévu, l’effort trop intense des premières heures et la montée du Seelisberg se font sentir, ça promet pour la suite, je réalise que la course va être très longue pour moi, surtout au vu du rythme que Dominik et Joël sont en train de maintenir.
Suite à ma pause, mes deux compères sont quelques minutes devant moi, mais ils vont devoir s’arrêter aussi donc pas de stress. On se retrouve tous les 3 à nouveau peu après Zug, on rit à nouveau de la situation et on finit cette fois par rouler ensemble pendant près d’une heure. On se dit que c’est fou d’être aussi proches après 300 km de course. Évidemment, il ne faut pas oublier qu’on est en relative proximité sans l’être. Dominik a en réalité plus ou moins 10 km d’avance car celui-ci est déjà passé par les Grisons alors que Joël et moi devons encore le faire plus tard.
La nuit tombe et nous sépare alors que nous longeons le Walensee. Le rythme reste bon, j'ai encore une vitesse moyenne de plus de 28 km/h, un bon rythme pour un ultra. Je retrouve Joël à Sargans alors que Dominik prend de l'avance. C'est à ce moment que Joël et moi devons faire un détour de 10 km pour passer par les Grisons. L'écart réel avec Dominik va vite être révélé. Nous nous dépêchons de rejoindre les Grisons et de reprendre la route en direction du Lac de Constance. Après 350 km de course, l'écart entre Dominik et nous est de 25 minutes. C'est quand même significatif. Je continue seul à la poursuite de Dominik, décidé à réduire l'écart pendant la nuit. Ce long segment le long du Rhin en direction du Lac de Constance est toujours terrible. 50 km de piste cyclable sur la digue du Rhin, c'est l'horreur. Mais au moins c'est plat, et le plat me convient mieux qu'à Dominik. Je quitte enfin le Rhin et après une brève montée pour aller chercher les deux cantons d'Appenzell, j'arrive au troisième checkpoint : l'Autriche. Cela fait maintenant 400 km que je suis en course et l'écart avec Dominik s'est réduit à 20 minutes. L'écart avec les participants suivants est d'environ 2 heures, il semble de plus en plus que la course devrait se jouer entre Dominik et moi. Les 200 km suivants jusqu'à Bâle sont très plats et je compte vraiment capitaliser là-dessus. Je tiens un bon rythme toute la nuit et je vois l'écart se réduire petit à petit au fil des heures. Le checkpoint suivant est l'Allemagne, pour s'y rendre il faut faire un petit aller-retour de quelques kilomètres à Schaffhouse. En m'approchant du checkpoint, je croise Dominik qui va dans l'autre sens, l'écart est alors de maximum 10 minutes, je suis en train de revenir. Le croiser me redonne un élan d'énergie et je m'efforce de tenir le rythme.
Je pense que le tronçon de Schaffhouse à Bâle est la route que je déteste le plus. 60 km de route nationale le long du Rhin et de la frontière allemande, c'est le paradis du trafic et des gros camions. J'avais un maigre espoir de pouvoir faire ce segment de nuit, mais j'y suis arrivé au pire moment, vers 7h du matin. Il y a une alternative par une piste cyclable, mais celle-ci prend au moins 15 minutes de plus, et avec Dominik juste devant, je n'ai pas trop le choix. Entre les klaxons occasionnels et le trafic incessant, les deux heures à venir ne vont pas être très agréables. Mais mon humeur va vite changer car je rattrape Dominik à 40 km de Bâle alors qu'il est en train de déjeuner. Voilà que je me retrouve en tête de course, une première pour moi. Toujours en tête, j'arrive enfin à Bâle après 600 km et un peu moins de 23h de course, j'y fais mon deuxième arrêt Coop Pronto. Chargé de nourriture pour la journée à venir, je repars après 5 petites minutes, mais Dominik est juste derrière, je le croise à nouveau en quittant Bâle, l'écart est quasi nul. À ce stade, je sens que je suis déjà bien cuit, il me reste plus grand-chose dans les jambes. Les 23h passées à poursuivre Dominik ne m'ont pas épargné. Les 400 km restants s'annoncent extrêmement longs.
Cap sur Soleure, pour y arriver il va falloir passer une bosse de 500 m de dénivelé. Ça ne paraît pas beaucoup sur papier, mais à ce stade de la course, il en faut déjà plus beaucoup pour que ce soit difficile. Décidé à creuser l'écart, je puise dans le peu d'énergie qu'il me reste. L'écart se creuse encore, mais cette fois de manière anormale, Dominik s'est arrêté "longtemps" après Bâle et j'ai à ce moment près de 20 minutes d'avance. J'arrive à Soleure et cette fois la fatigue se fait sérieusement sentir, je suis incapable de produire un effort, je ne peux que simplement tourner les jambes. Il reste 340 km, et je me sens vide. Seul le fait d'être devant Dominik et en tête de course me permet encore d'avancer.
Dominik multiplie les arrêts et l'écart avec lui continue à se creuser. Pour qu'il s'arrête autant, il doit forcément y avoir quelque chose qui ne va pas. J'apprends en arrivant à Bienne que Dominik se sent mal et a de sérieux vomissements, ce qui explique les nombreux arrêts. Dur de se réjouir du mauvais sort d'un autre coureur, bien que cela soit de bonne augure pour moi.
Bienne est un point de passage clé de la course, car c'est ici que les deux principaux itinéraires se rejoignent. Que l'on soit passé par le Gotthard ou le Grand Saint Bernard, à partir de Bienne, le parcours jusqu'à l'arrivée à Berne devrait être plus ou moins similaire pour tous, c'est donc seulement ici que l'on va avoir une vue sur qui est vraiment en tête de la course. Parmi ceux qui sont passés par le Saint Bernard, Simon Flury est premier et il semble que j'ai à ce stade une avance assez confortable. J'arrive à Bienne en premier après plus ou moins 28h de course et 680 km. C'est au passage à Bienne que la victoire se profile sérieusement, les problèmes de Dominik ne semblent pas s'arranger et j'ai près de 3h d'avance sur Simon. À ce moment, j'estime que je devrais être capable de terminer la course en 38h. Je ne réalise pas encore à quel point ces derniers 300 km vont être un enfer...
C'est le début de l'après-midi, je suis crevé et il fait super chaud. Il doit faire en tout cas plus de 30 degrés, je n'ai jamais aimé faire du vélo quand il fait chaud. Pour ajouter à tout ça, je commence à avoir du mal à manger. J'ai l'œsophage en feu et j'ai du mal à avaler de la nourriture solide. Pour pallier à ça, je fais un arrêt rapide à Neuchâtel pour faire le plein de boissons sucrées et autres calories liquides. Je deviens lent, très lent. Impossible de prendre le moindre plaisir. Heureusement que je suis en tête, ça me donne quelque chose auquel m'accrocher. J'appréhende déjà la traversée du canton de Vaud de Yverdon jusqu'à Nyon. Sur papier c'est plat, mais en réalité ça monte et ça descend tout le temps. Ma vitesse moyenne est en chute libre, mon état physique aussi. La fatigue commence sérieusement à se faire sentir.
C'est peu après mon passage à Yverdon que j'apprends que Dominik décide de s'arrêter à Neuchâtel. S'ensuivent des émotions partagées. Tout d'abord, je me réjouis car l'arrêt de Dominik signifie que, à moins d'avoir un problème sérieux, la victoire est presque garantie. L'écart avec Simon semble suffisant, même en ralentissant considérablement, il semble invraisemblable qu'il me rattrape. C'est la première fois où je me dis que je vais gagner. Cela dure quelques minutes puis la joie fait rapidement place à une sorte de déception et de sentiment de vide. C'est vraiment particulier, c'est comme si tout d'un coup la course s'était terminée. Je n'ai tout d'un coup plus envie de rouler, la motivation disparaît. C'est compliqué à formuler, mais après 30h de duel avec Dominik, la course était devenue une course contre Dominik. La seule chose qui m'a fait avancer ces dernières heures a été de le rattraper puis de creuser l'écart. Donc quand il annonce son arrêt, c'est comme si la course s'était arrêtée aussi. Les kilomètres restants s'annoncent maintenant encore plus difficiles.
J'éprouve un énorme respect pour Dominik. Il a gagné l'édition 2022 et n'a rien à prouver. Suite à ses vomissements et problèmes d'estomac, il aurait été facile d'abandonner. Personne ne l'aurait jugé pour ça, d'autant plus en tant que vainqueur de l'édition précédente. Et pourtant, il a décidé de s'arrêter à Neuchâtel pour y passer la nuit afin de récupérer et terminer le lendemain. Respect.
Me voilà donc à Orbe, épuisé et démotivé, avec encore un peu plus de 200 km à parcourir. Affecté par la chaleur et une difficulté croissante à me nourrir, ma vitesse continue de diminuer. À ce stade, je suis en mode survie, j'essaie de ne penser à rien et de simplement continuer à avancer comme je peux. Il me faut simplement terminer la course pour gagner, pas besoin d'aller vite, pas besoin de se presser, je dois simplement me ménager et éviter les problèmes...
C'est à La Sarraz que ma course a failli prendre subitement fin. En m'arrêtant à une fontaine pour remplir mes gourdes, je décroche le mauvais pied et je chute. C'est le résultat d'un manque de lucidité notable, je suis vraiment très fatigué. La chute ne me fait pas mal, je me relève un peu péniblement, frustré d'avoir commis une erreur aussi bête. En jetant un coup d'œil à mon vélo, je réalise que j'ai cassé ma selle. Les deux rails ont été sectionnés. C'est irréparable. Je suis envahi par le stress et une adrénaline soudaine, mais il faut que je reste calme, que je trouve une solution. Je suis à La Sarraz et il est 17h, je me dis qu'il devrait être possible de trouver un magasin de vélo pas trop loin et encore ouvert. Après une rapide recherche, je découvre que le magasin le plus proche est Thommen Cycles à Cossonay qui est ouvert jusqu'à 18h. Je me trouve alors à 10 km de Cossonay, principalement en montée. Sans selle, j'estime que cela devrait me prendre entre 30 et 40 minutes. Pas de temps à perdre, c'est la seule chance de sauver ma course.
Je vous assure que faire 40 minutes de vélo sans selle tout en étant déjà épuisé n’est pas particulièrement amusant. Heureusement que l’urgence soudaine m’a procuré un sursaut d’adrénaline. J’arrive au magasin 15 minutes avant sa fermeture. Maintenant il faut encore trouver une solution.
Je me précipite dans le magasin et m’efforce d’expliquer au mieux ma situation au vendeur. La scène a dû être assez drôle. Je le supplie de me prêter une selle. Il me demande quel modèle. Je réponds que ça m’est absolument égal, il faut juste que je reparte au plus vite. À ce moment, j’aurais été prêt à dépenser une fortune juste pour me procurer une selle me permettant de terminer la course. Par chance, il sort un vieux modèle usé d’un tiroir et accepte de me la prêter pour terminer la course. La selle n’est pas vraiment compatible avec ma tige de selle, le tout est un peu bancal et bouge légèrement. Pas idéal, certes, mais il n’a rien d’autre et c’est clairement mieux que rien. Je lui laisse ma selle cassée en guise de caution et lui promets de lui ramener sa selle dans les plus brefs délais. Je sors du magasin, remonte sur mon vélo et réalise très vite que le reste de la course va être extrêmement long. Je ne me sens pas du tout bien sur mon vélo. Mais bon, je me dis que j’ai quand même eu de la chance, la même chose me serait arrivée ne serait-ce que 30 minutes plus tard et il aurait fallu que je fasse 200 km sans selle. Je ne peux pas me plaindre.
Je quitte Cossonay et reprends la route en direction du dernier checkpoint, le tout m’a fait perdre je pense près d’une heure au total. Heureusement que j’avais de la marge. Moins de deux heures me séparent maintenant de Simon, plus le droit à l’erreur. Cette heure de stress et de panique aura par contre eu raison de mes ultimes réserves d’énergie, je suis à présent complètement vidé. J’arrive au dernier checkpoint qui est un vieux pont entre la Suisse et la France juste au-dessus de Céligny. Je poinçonne mon carnet de route pour la dernière fois.
Il reste exactement 150 km jusqu’à Berne, en temps normal cela me prendrait 5h, mais au vu de mon état, cela risque de me prendre près de 7h. Relativement parlant, 150 km et 7h ce n’est rien. Mais au vu de mon état physique et mental, il me semble inconcevable de rouler pendant encore 7h. Je reprends la route péniblement, à ce stade il ne m’est plus possible de manger. Le long du lac, en route vers Morges, je croise Simon Flury qui va dans l’autre sens en direction du dernier checkpoint que j’ai quitté il y a un peu plus d’une demi-heure. Je lui dis salut mais je crois qu’il n’entend pas, il doit être concentré. Le croiser m’a rappelé que ce n’est pas encore fini et qu’il faut encore que j’aille jusqu’au bout. Je fais mon dernier arrêt Coop Pronto à Saint-Prex, je n’achète que des sodas, c’est tout ce que j’arrive encore à absorber. Je me dis que de toute manière ça va être la survie jusqu’au bout, ce n’est pas manger qui va faire la différence à ce stade.
J’appréhende beaucoup la montée de Morges jusqu’à Cheseaux. Heureusement, en arrivant à Denges j’ai le plaisir de retrouver Paul qui est venu me donner un peu de soutien moral. Ça m’a sauvé. De pouvoir rouler côte à côte et discuter avec un ami m’a permis d’oublier tout le reste. Plus loin, nous sommes rejoints par Tristan Guignard qui nous accompagne un bout. Plus loin, à Cheseaux, c’est Gaetan, avec qui on a fait la SUCH en duo en 2021, qui se joint à nous. À Cheseaux, je croise également mon père et Samuel qui sont venus me voir. Merci !
Gaetan m’accompagne pendant une bonne demi-heure, puis je suis à nouveau seul avec maintenant moins de 100 km à parcourir. Plus tard dans la nuit je croise encore Karim et son père qui m’encouragent au bord de la route. Cela m’a redonné un élan de motivation pour aller jusqu’au bout. L’écart avec Simon est toujours en train de se réduire, celui-ci s’élève maintenant à un peu plus d’une heure. Ce n’est pas grave, normalement je risque rien, il me reste à peine plus de 60 km jusqu’à Berne. En regardant l’heure et la distance restante, je réalise qu’il est encore possible de terminer la course en moins de 40h, ça me frustrerait beaucoup de finir la course en 40h12 ou quelque chose comme ça. Voilà quelque chose qui me donne un dernier petit objectif auquel m’accrocher pour les derniers kilomètres.
Il est maintenant minuit passé et je m’approche de Berne quand soudain une voiture me klaxonne. Épuisé et à bout, je me dis “c’est qui ce connard qui me klaxonne au milieu de la nuit alors qu’il n’y a personne sur les routes ?”. Je me retourne, prêt à m’énerver quand j’entends quelqu’un crier “JOJO”. C’est Maman et Mathieu qui viennent me chercher en voiture à Berne. Je suis tout content, j’arrive au bout et j’en oublie presque la fatigue.
Je parviens presque à profiter des derniers kilomètres. Je ne sais pas si c'est parce que je touche au but ou si c'est parce que je commence à avoir des hallucinations, mais j'ai à nouveau un peu de plaisir. Je commence à entendre des voix et à voir des éléphants danser, ça me fait un petit flashback de la Race across France. C'est drôle mais ce n'est pas très bon signe. Heureusement que c'est bientôt fini. Finalement, un peu avant 2h du matin, j'arrive à la place fédérale à Berne après 39h48 de course. J'ai gagné. Mission accomplie.
A l'arrivée, les deux organisateurs Marc et Vincent, ainsi que Maman et Mathieu, m'attendent. Il faut mentionner que Marc et Vincent accueillent TOUS les participants à leur arrivée, soit plus de 100 personnes pendant 3 jours. En gros, ils campent à la place fédérale pendant 3 jours, c'est génial et ça ajoute au côté unique de cette course.
Ce qui me plaît aussi, c'est qu'il n'y a pas de grande arche d'arrivée, de trophée ou encore de Prize-Money. C'est vraiment un truc que les participants font pour eux-mêmes et pour l'expérience unique de ce genre de course. C'est un concept qui parvient à convaincre plus de 100 personnes de venir faire plus de 1000 km de vélo le plus vite possible sans contreparties ou promesses en retour. Et ça, je trouve ça beau. C'est vraiment une chouette communauté de gens vrais et bienveillants.
Voilà, c’est fini pour 2023. Je suis content de cette saison où j'ai pu atteindre tous mes objectifs. Il est temps de faire mes plans pour 2024 ! Mais pour l’instant, place au repos et à d’autres choses que le vélo. Encore un grand merci à vous tous pour les innombrables messages et pour votre soutien lors de mes petites aventures, ça fait vraiment plaisir !
Bisous !
Jonas